Le jugement par l’horaire

âš  Ce billet date du 18 juillet 2022 !
Il est donc ancien, les propos ne sont peut-être plus exacts aujourd'hui et le contenu et les liens ne sont plus assurés.

Aujourd’hui je vais faire une analyse sur une forme d’harcèlement et de jugement que j’ai subi pendant un moment mais que je subis encore par moment.
C’est quelque chose qui me prend les tripes et heureusement que je suis de nature calme et positive, j’arrive Ă  prendre sur moi et expliquer calmement les choses. NĂ©anmoins, dans ma tĂŞte, des idĂ©es sombres ou violentes pouvaient apparaĂ®tre sur l’instant, durant une fraction de secondes. C’est horrible, c’est l’Ă©nervement intĂ©rieur qui nous fait paraĂ®tre mauvais, voir très mauvais, mĂŞme si on ne l’est pas, mais qui peut ĂŞtre psychologiquement dĂ©sastreux.

J’arrive Ă  me canaliser Ă  99% du temps et contre-argumenter, mais certaines personnes ne doivent probablement pas y arriver, elles s’Ă©nervent ou encaissent au point ou des idĂ©es sombres peuvent apparaĂ®tre pour elles ou pour les autres. N’en arrivons pas aux actes, alors, parlons-en !

Qu’est-ce que le « jugement par l’horaire » ?

C’est le petit nom que j’ai trouvĂ©, Ă  dĂ©faut d’autre chose. Je n’ai rien trouvĂ© de documentĂ© sur le sujet, mais ça doit bien exister.

Ne vous est-il jamais arrivĂ© d’avoir eu des rĂ©flexions de votre entourage car vous vous ĂŞtes levĂ© « tard », ne serait-ce que « C’est Ă  cette heure-ci qu’on se lève ? » — « On voit les fainĂ©ants, debout Ă  11h ! » etc.
MĂŞme dit de façon humoristique, c’est limite !

Ce jugement ne prend qu’un seul paramètre en compte : L’heure de levĂ© (et non de rĂ©veil).
En plus si vous avez le malheur de dire que ça fait 1h que vous êtes réveillé, on vous rétorquera « Ah en plus ! Et tu flemmarde au lit ! »… 🙄

Des propos comme ça, j’en ai eu des tonnes. Par exemple, de la part d’une de mes ex, je vous met un bout de situation et je vous met dans le contexte juste après !

  • Je suis sans emploi.
  • J’ai deux enfants, 4 ans et 1 an (actuellement, en 2022, 6 et 3 ans).
  • Du Lundi au Vendredi, madame commence Ă  6h00 et finit le travail Ă  13h30.
  • Du Lundi au Vendredi, j’amène la grande Ă  l’Ă©cole et je garde la petite Ă  la maison.
  • Du Lundi au Vendredi, il m’arrive par fois de faire une petite sieste de 14h30 Ă  16h.
    Du Lundi au Vendredi, madame va chercher la grande Ă  l’Ă©cole et le Mercredi j’ai les deux Ă  la maison.
  • Le week-end, madame se lève pour les enfants vers 9h00.
  • Le week-end, je me lève vers 10h30/11h.
  • Le week-end, madame fait une sieste l’après-midi.

Les propos de madame : « Toute la semaine, je me lève Ă  5h pour aller bosser, Ă  peine je rentre, je doit m’occuper de la petite, le week-end tu fais grasse-matinĂ©e, j’aimerais faire pareil » etc etc.
ExpliquĂ© de son point de vue auprès de ses amis et famille, ceux-ci me font la morale « Tu devrais penser un peu plus Ă  ta femme, la laisser faire des grasses-mat’ le week-end, elle est fatiguĂ©e, ça se voit ! » mais aussi « Elle m’a dit que tu ne faisais pas le mĂ©nage par fois, tu devrais l’aider un peu, tu ne trouves pas ? ».

Ceci est le cas N°1. Depuis je ne suis plus avec elle hein ! Je reviendrais dessus plus tard.

Cas N°2 :

En vacances chez mes parents, avec mes filles, en Bretagne. Les enfants couchés vers 21h30, je me couche vers 23h30/minuit. Un membre de ma famille avec ses deux enfants et sa femme sont là.
Le matin, mes filles se lèvent vers 9h30, prennent le petit-déjeuné avec les grands-parents. Je me lève vers 10h15/10h30 voir vers 10h45 !

« C’est Ă  cette heure-ci qu’on se lève ? ‘rires’ Nous on est debout depuis 8h45 ! »
« La vie est belle, le mec bosse pas et fait des grasses-mat’, faut t’occuper de tes filles un peu ! »

Dans les deux cas, il est mĂŞme possible que vous aussi vous vous dites que je suis un fainĂ©ant, que je profite de la vie, que je dĂ©lègue Ă  mes parents ou Ă  madame Ă  l’Ă©poque. Que je suis un chĂ´meur qui n’en fait pas une, dĂ» moins, le minimum syndicale.

Commençons par le cas N°2, gardons le meilleur pour la fin !

Récap du cas N°2 :

Durant la journĂ©e, mĂŞme si mes filles sont autonomes, jouent avec leurs cousins, dessinent et demande des activitĂ©s avec leurs grands-parents, je suis papa solo, donc les douches, l’habillage, la coiffure ou encore les câlins, le couchĂ© du soir et tout un tas de chose, c’est bibi qui fait ! En plus d’aider mon père Ă  bricoler dans la maison, Ă  faire du rangement ou bien aider ma mère Ă  faire Ă  manger, passer un coup de balais ou encore amener les dĂ©chets alimentaires au compost au fond du jardin. Mais que se passe-t-il le soir et la nuit ? CouchĂ© vers 00h00, la petite qui fais soit un cauchemar soit veut un câlin de papa la nuit, se rĂ©veille vers 2h30 puis vers 4h00 ou vers 5h30 ! Je ne retrouve pas le sommeil instantanĂ©ment. Ma nuit est donc hachĂ©e. Je ne fais pas de sieste l’après-midi, contrairement Ă  la personne de ma famille qui se repose 1h ou 2 en dĂ©but d’après-midi.

Ceci est donc le cas le moins intrusif et le moins rĂ©pĂ©titif. Mais ici, on ne prend clairement pas en compte certaines choses de la journĂ©e, ni certaines tâches non-vus du dĂ©but d’après-midi, on considère mĂŞme certaines tâches quotidiennes comme banales et insignifiantes, mais surtout, on ne prend pas le paramètre d’une nuit de 2h + 1h + 6h = 9h mais sans continuitĂ© et sans les deux phases de sommeil profond.

Ajoutons aussi que lorsque l’on explique la nuit, la rĂ©ponse est gĂ©nĂ©ralement « Bah oui, nous aussi ça nous arrive ! » et tous les parents solo vont se reconnaĂ®tre dans ma phrase : « Oui, mais vous, vous ĂŞtes 2 ! Mois je suis seul ! » et contre-argumentaire magique « Te plains pas, heureusement qu’on est lĂ , c’est chez tes parents et on ne t’a pas encore vu mettre les couverts au moment des repas ! ». Bien entendu, je suis aussi de corvĂ©e dressage de table vu que c’est chez mes parents…

Récap du cas N°1 :

J’ai pris un passage extrĂŞme, qui a Ă©tĂ© le point culminant pour moi dans le reproche excessif.
Je suis au chĂ´mage depuis mon licenciement Ă©conomique, nous avons pris le choix financier que je reste père au foyer Ă  la naissance de la petite, car seul, le choix d’une envie personnelle faisait qu’Ă©tant papa, je n’Ă©tait pas lĂ©gitime pour ce poste…
Les repas, c’est moi qui m’y colle, madame n’aime pas cuisiner, moi j’adore.
L’entretient de la maison, aspirateur tous les jours ou presque, nettoyage des WC tous les 2 jours, nettoyage du sol Ă  l’eau 2 fois par semaines. Traitement des courriers et des comptes, je fais les courses, seul, je fais tourner des machine de linge (que je n’Ă©tend pas toujours, voir rarement), je vide et remplis le lave-vaisselle.
En semaine, je me lève Ă  7h20, prĂ©pare les enfants, j’amène la grande Ă  l’Ă©cole, je rentre avec la petite, je retourne chercher la grande Ă  11h30 prĂ©pare le manger, donne Ă  manger et raccompagne la grande pour 13h30. Entre 8h45 et 11h15, soit en 2h30, je fais l’entretient citĂ© juste avant. Et j’en profite pour laisser madame s’occuper du linge et par fois d’un coup de mĂ©nage et de la petite de 14h environ Ă  16h00.
De plus, la sĹ“ur de madame Ă©tant maman solo, je lui ai proposĂ© mon aide. Du Lundi au Vendredi, je vais chercher son fils Ă  16h30, l’amène chez lui, je lui fait le bain, des activitĂ©s, Ă  manger et le couche Ă  20h40. Puis j’attends sa mère qui finit le travail Ă  1h00 et est chez elle Ă  2h30. Je lui raconte la journĂ©e de son fils et part de chez elle vers 3h00, me couche vers 4h car entre 3h00 et 4h00 la petite rĂ©clamait par fois des câlins ou avait la couche pleine. Madame se levant Ă  5h et moi Ă  7h30.

Bref, je vous parle d’un cas personnel et prĂ©cis, mais vous comprenez l’enjeu de bien avoir tous les Ă©lĂ©ments. Et encore, je suis blanc !

Pourquoi ? Car mĂŞlĂ© Ă  ça du racisme banalisĂ© ou du clichĂ©, ça peut ĂŞtre pire. Je me rappelle, plus jeune, une voisine dire Ă  ma mère « Oh, bah c’est comme le Mohammed, c’est bien un Africain hein, il se couche très tard, l’autre jour je l’ai vu rentrer Ă  3h du matin et il se lève vers midi et en plus il râle par fois, car des voisins font du bruit quand il dort ! » ma mère lui avait rappelĂ© que Mohammed avait une femme handicapĂ©e et 3 enfants et qu’il Ă©tait agent de sĂ©curitĂ©, il travaillait par fois les week-ends et jours fĂ©riĂ©s, de nuit, de 21h Ă  9h et que sa nuit… Bah par fois, c’est le jour ! Et qu’il cumulait par fois un second travail pour compenser Ă  la maison.

C’est comme l’histoire d’une voisine, critiquĂ©e sur l’horaire par une autre voisine « Elle a toujours l’air fatiguĂ©e en plus l’autre jour je l’ai vu peu avant midi, elle venait de se levĂ©e, ça profite bien de ses grasses-mat’ et en plus elle a une nounou qui vient s’occuper de ses gosses, comme si elle ne pouvait pas le faire… » oui, difficile pour une maman solo infirmière en hĂ´pital publique.

VoilĂ , c’est ce type de jugement qui est insoutenable. L’Ă©nervement peut d’autant plus survenir que le sommeil est rarement rĂ©parateur.

Si vous vous êtes reconnus en tant que donneurs de leçon, arrêtez immédiatement, vous êtes un enfer pour les autres.

Et donc que faire lorsque l’on subit ça ? Dans son couple, j’ai envie de dire, discutez, mettez les choses sur la table, dĂ©montrez tout ce que vous faites par rapport Ă  l’autre et si ça ne passe pas, la rupture est Ă  envisager !
Envers des voisins, expliquez-leur exactement ou ignorez-les. Pour les membres de votre famille/amis, soyez franc·he·s et brutal·e, au niveau de ce que vous subissez. Craquez devant eux, ça peut vous aider Ă  Ă©vacuer ce stresse et mettre mal-Ă -l’aise votre interlocuteur.

Malheureusement on est obligĂ© de passer par une phase de « justification » pour se lĂ©gitimer, c’est une phase qui peut ĂŞtre tout autant douloureuse. Changez d’amis et Ă©loignez-vous de ces personnes, elles sont nocives.

Pour terminer :

Il n’y a malheureusement pas de recette miracle, cet article, ces exemples concrets sont lĂ  avant tout pour en parler et montrer qu’on n’est jamais seul·e Ă  subir ceci et espĂ©rons que ça fasse comprendre aux autres qu’ils sont nocifs pour nous.

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